L’histoire de la bombe atomique : premières utilisations sur Hiroshima et Nagasaki

Les ruines d’Hiroshima après la frappe nucléaire © Droits réservés

Après l’essai « Trinity » du 16 juillet 1945, il apparaît évident que le pouvoir de destruction de la bombe atomique est colossal. L’énergie générée est équivalente à l’explosion d’environ 20 000 tonnes (20 kt) de TNT. Le champignon atomique s’élève jusqu’à 12 km d’altitude. La gigantesque déflagration nucléaire fait prendre conscience aux scientifiques américains qu’ils ont fabriqué le plus effroyable engin de la Seconde Guerre mondiale, et plusieurs d’entre eux vont essayer d’empêcher son utilisation. Hélas, les politiques et les militaires, pour diverses raisons, vont faire lancer ces bombes sur deux villes japonaises : Hiroshima et Nagasaki.

Le champignon atomique sur Nagasaki © U.S. National Archives and Records Administration

Hiroshima et la bombe atomique
Little Boy

Dès le 11 mai 1945, une réunion stratégique se tient pour définir les objectifs d’une future frappe nucléaire. 5 villes sont désignées comme cibles pour leur intérêt militaire ou pour l’impact psychologique que le bombardement produirait : Kyoto, Hiroshima, Yokohama, Kokura et Niigata. Après réflexion, Kyoto est rayée de la liste et remplacée par Nagasaki.

Le 26 juillet, lors de la conférence de Potsdam, le président américain Harry Truman lance un ultimatum au Japon, menaçant le pays d’une destruction totale et rapide s’il ne capitule pas. L’ultimatum est rejeté le 28 juillet, l’ordre autorisant le largage est donné le 3 août.

Le 6 août, à 8h16, la bombe atomique Little Boy (à base d’uranium), larguée 43 secondes plus tôt du bombardier B-29 Enola Gay à 9 500 m d’altitude, explose sur Hiroshima. Elle anéantit la ville sur une zone de 12 km² en une fraction de seconde. La puissance de l’engin est de 15 kt. La température au centre de l’explosion frôle les 4 000°C pendant un bref instant.

Nagasaki et la bombe atomique Fat Man

Le 9 août, après le rejet d’un nouvel ultimatum exigeant la capitulation sans condition du Japon, les États-Unis procèdent à l’attaque de Nagasaki, avec la bombe au plutonium Fat Man, depuis le B-29 Bockscar. À 10h58, la ville subit une déflagration d’une puissance de 20 kt. Le champignon atomique s’élève à 18 km d’altitude. Malgré une puissance supérieure, les dégâts sont moindres qu’à Hiroshima car la ville de Nagasaki est vallonnée, ce qui la protège partiellement de l’effet de souffle. 6 km² sont tout de même détruits.

Bilan humain et reddition du Japon

On estime que les bombardements atomiques ont coûté la vie de 90 000 à 140 000 personnes pour Hiroshima et de 60 000 à 80 000 habitants pour Nagasaki, ces chiffres ne tenant pas compte des morts liés aux effets à long terme de l’irradiation. Devant le désastre désormais évident, le Japon capitule sans condition, le 2 septembre 1945, alors qu’une nouvelle frappe atomique était envisagée sur Tokyo ou Sapporo.

Selon les rapports des stratèges américains favorables à l’usage de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki, l’emploi de l’arme atomique aurait permis d’épargner la vie de 40 000 à 1 000 000 d’Américains (qui seraient sinon morts ou blessés) et de 200 000 à 3 000 000 de Japonais (civils et militaires confondus) en évitant l’invasion du Japon et en raccourcissant la durée de la guerre. Du côté des opposants, dont font partie certains scientifiques du projet Manhattan (à l’origine de la bombe) tel Robert Oppenheimer, on pointe le caractère immoral et contraire au droit international des frappes nucléaires, certains allant même jusqu’à les qualifier de crimes de guerre.

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