La fin de l’Occupation
L’attente du Débarquement
C’est sur le littoral du Pas-de-Calais que sont lancés, à la fin 1942, les travaux les plus impressionnants pour réaliser le « Mur de l’Atlantique » avec lequel Hitler espère empêcher un débarquement anglo-américain en Europe.
Des obstacles minés sont placés sur les plages, des blockhaus abritant canons et mitrailleuses sont construits sur la côte, des batteries de canons géants sont aménagées. Les ports de Dunkerque, Calais et Boulogne sont transformés en forteresses. Tout le monde est persuadé, Allemands comme habitants du Nord–Pas-de-Calais, que c’est autour de Calais que se déroulera le débarquement allié.
À partir de 1943, l’intensification des bombardements alliés semble confirmer cette hypothèse. La région offre de multiples cibles : fortifications du littoral, bunkers géants dédiés au lancement des armes nouvelles, usines travaillant pour l’Allemagne, gares de triage.
À partir d’avril 1944, les attaques sont pratiquement quotidiennes ; certaines sont très meurtrières pour les civils : il y a 500 tués à Lille le jour de Pâques.
Les craintes de la population sont renforcées par le massacre commis à Ascq, près de Lille, le 1er avril 1944, par une unité de la division SS Hitlerjugend (86 morts).
Une libération éclair
Le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, est accueilli avec soulagement.
Le 13 juin, à partir de rampes situées dans le Pas-de-Calais, commence la campagne de bombardement de Londres par les V1 allemands. La Résistance multiplie les sabotages, les Allemands répliquent par des exécutions et la déportation. Le 1er septembre, alors que les troupes alliées sont proches, un dernier convoi, le « Train de Loos », emmène près de 900 prisonniers politiques et résistants vers les camps du Reich.
Le Nord et le Pas-de-Calais sont, pour l’essentiel, libérés en cinq jours (du 1er au 5 septembre 1944) par des troupes britanniques, américaines, canadiennes et polonaises. Mais il faut de très durs combats pour que les Canadiens s’emparent, à la fin septembre, des poches de résistance allemandes sur le littoral (Boulogne, Cap Gris-Nez, Calais). Dunkerque restera assiégé jusqu’au 9 mai 1945, et sera une des dernières villes françaises libérées.
Le rétablissement de la légalité républicaine s’effectue rapidement. L’épuration, réalisée dans un cadre légal, est modérée, ce qui provoque la frustration de l’opinion publique. Comme en 1918, les deux départements nordistes se trouvent aux premiers rangs pour les destructions subies. La reconstruction sera, comme vingt ans plus tôt, très rapide. Mais le Nord–Pas-de-Calais, touché par la crise de ses industries traditionnelles (mines, métallurgie, textile), ne connaîtra pas pleinement les « 30 glorieuses » de l’économie française.